Romantisme de rue !
Témoignage : « J’ai assisté à une scène de courage et de romantisme de rue ! »
Avec le lancement de la campagne contre le harcèlement de rue, de nombreux témoignages, d’hommes notamment, circulent. Ils s’offusquent d’un tel manque de respect face aux insultes et aux maltraitances faites aux femmes. La rue est souvent le décor idéal pour proférer des insultes et être désagréable. Mais cette fois, nous découvrons le romantisme de rue…
Nous vous livrons le témoignage d’Alessandro.
Je marchais dans une rue de Strasbourg, proche du Tram. Ce n’est pas ma rue préférée, j’entends souvent parler fort et les mots prononcés sont loin d’être poétiques. Ou alors, la poésie m’échappe complètement. Toujours est-il que je me rendais à la gare et devant moi, marchait une jeune femme : cheveux lâchés, légèrement maquillée, un regard très doux et une jolie démarche gracieuse.
Immédiatement, j’entends des voix d’hommes qui l’interpellent sans grand respect. Entre les insultes et les incitations déplacées, elle garde la tête haute et les ignore. C’est alors que l’un des mufles lui barre la route. Impossible pour elle de poursuivre son chemin. Je ne vois pas son visage, mais je continue de m’approcher.
Je vois une main musclée qui se pose sur l’épaule type. Instinctivement, je m’arrête. Le poète se retourne et se retrouve face à un type bâti comme un ours qui le regarde méchamment. Il parle d’une grosse voix qui correspond bien à son physique.
— Je t’interdis de parler comme ça à cette femme.
— C’est ta meuf ? demande le mauvais poète avec agressivité.
— Non. Mais tu vas lui présenter tes excuses, tout de suite.
— Tu crois que tu me fais peur ? Mes potes et moi, on va te faire ta fête…
Sauf que les copains du trottoir d’en face n’en mènent pas vraiment large. Devant l’expression dure et presque sauvage du sauveur de la Dame, il commence à rapetisser. Il le prend par le col et le menace sans dire un seul mot. À quelques mètres de là, j’avoue être très impressionné. Je peux aisément imaginer l’inconfort du jeune homme aux paroles désobligeantes.
— Elle attend tes excuses, petit c**.
Je l’entends à peine bredouiller quelques mots, qu’il s’est déjà enfui et a rejoint ses copains. Ils s’éloignent rapidement. Et je reste là à regarder ce couple improbable. Quelques mots arrivent jusqu’à mes oreilles.
— Je suis désolé que vous ayez eu à subir ça. Puis-je vous raccompagner ?
— Je rentre chez moi…
Je vois un sourire naître sur le visage du preux chevalier et… il lui propose son bras. Elle l’accepte et ils s’éloignent.
Je crois que je viens d’assister à la naissance d’un couple. En tout cas, j’ai envie d’y croire. Même si ce n’est pas le cas, chacun aura une jolie histoire à raconter. Je reste un incorrigible romantique !
